La carrière de Rafael Nadal est officiellement terminée

Rafael Nadal s’est mordu la lèvre inférieure et ses yeux rougis se sont remplis de larmes alors qu’il se tenait aux côtés de ses coéquipiers de la Coupe Davis pour l’hymne national espagnol, mardi, avant ce qu’il savait — et tout le monde — pourrait être le dernier match de sa carrière.

Quelques heures après la défaite 6-4, 6-4 de Nadal face au Néerlandais Botic van de Zandschulp, la soirée s’est avérée être l’adieu au tennis professionnel de celui qui a remporté 22 tournois du Grand Chelem, car les Néerlandais ont éliminé les Espagnols en quarts de finale, peu après minuit.

Et c’est lors d’une cérémonie d’après-match sur le court, en hommage à Nadal, qu’il a pleuré, sous les acclamations des spectateurs qui lui ont chanté «Raaa-faaa», devant la vidéo montrant les moments forts de sa carrière ainsi que des hommages de joueurs actuels ou anciens, comme Roger Federer, Novak Djokovic, Serena Williams, Conchita Martinez et Andy Murray. Il y avait même des vedettes d’autres sports, comme le golfeur Sergio Garcia ou le joueur de soccer David Beckham.

«Les titres, les chiffres sont là, donc les gens le savent probablement, mais j’aimerais qu’on se souvienne de moi comme d’une bonne personne d’un petit village de Majorque, a déclaré Nadal, 38 ans, à la foule qui agitait des drapeaux et brandissait des pancartes au Palacio de Deportes Jose Maria Martin Carpena, qui a fait salle comble. Je suis juste un gamin qui a suivi ses rêves, qui a travaillé aussi dur que possible. J’ai eu beaucoup de chance.»

«Tu sais très bien ce que tu as représenté pour le monde du tennis, a ajouté le capitaine espagnol, David Ferrer, qui a perdu contre Nadal en finale de Roland-Garros en 2013. Tu nous manqueras beaucoup.»

L’Espagnol a reconnu après avoir joué que le moment l’avait dépassé, que «les émotions étaient difficiles à gérer» et qu’il ressentait de la nervosité au milieu du support d’une foule en adoration, brandissant des pancartes et des drapeaux, qui s’était principalement déplacée pour un seul et unique joueur.

Après avoir été battu en simple, Nadal est devenu un supporter de son héritier apparent, Carlos Alcaraz, qui a égalé le duel contre les Pays-Bas à 1-1 en battant Tallon Griekspoor 7-6 (0), 6-3 dans l’autre match en simple. Mais ensuite, van de Zandschulp et Wesley Koolhof ont remporté le match de double décisif en battant Alcaraz et Marcel Granollers 7-6 (4), 7-6 (3).

Même si l’Espagne avait réussi à vaincre les Pays-Bas en quarts, Nadal a déclaré que s’il était le capitaine de son équipe, il ne se serait pas choisi pour jouer à nouveau en demi-finale après cette performance contre van de Zandschulp, classé 80e.

«J’étais conscient que ce pouvait être mon dernier match professionnel et les émotions ont été difficiles à gérer, a évoqué Nadal. Je n’ai pas été en mesure d’anticiper le jeu suffisamment rapidement pour avoir l’impression de dicter le rythme du match. Quand tu passes autant de temps loin de la compétition, tout dépend des petits détails, et je ne suis pas dans la même condition physique que les autres joueurs du circuit. Aujourd’hui, ça n’est pas la bonne journée pour me critiquer.»

Nadal a offert un bon niveau de jeu contre van de Zandschulp au premier set, mais il a été victime d’un bris en fin de manche. Il a également été brisé au début du deuxième set, et n’est jamais parvenu à se replacer dans ce duel présenté sur le ciment au Palacio de Deportes Jose Maria Martin Carpena, dans le sud de l’Espagne.

«Ç’a été un match très, très difficile, a reconnu van de Zandschulp. Jouer contre ‘Rafa’, ici, en Espagne, contre celui qui est probablement l’athlète le plus populaire ici en Espagne, ç’a été assez intense. Il a été mon idole pendant toute ma jeunesse.»

Nadal (29-2) a ainsi vu sa série de 29 victoires en simple s’arrêter en Coupe Davis. Il n’avait toutefois pas disputé de match officiel depuis près de trois mois et demi, et affichait un dossier de 12-7 en simple en 2024.

«J’ai perdu mon premier match en Coupe Davis, et j’aurai perdu mon dernier. La boucle est bouclée.»

L’Espagnol âgé de 38 ans a annoncé le mois dernier que cette compétition serait sa dernière en tant que tennisman professionnel, après deux années marquées par les blessures qui l’ont limité dans sa capacité à disputer des matchs compétitifs. Personne n’avait la certitude que mardi serait son dernier match de simple en carrière, puisque la Coupe Davis se poursuivra jusqu’à dimanche.

Nadal a permis à l’Espagne de gagner la coupe Davis en 2004, 2008, 2009, 2011 et 2019.

On se souviendra toujours de Nadal pour ses rivalités avec Roger Federer et Novak Djokovic au sein du «Big Three» du tennis masculin, un trio de talents générationnels qui ont dominé le sport pendant une grande partie des deux dernières décennies.

Federer, aujourd’hui âgé de 43 ans, a annoncé son départ en 2022. Seul Djokovic, 37 ans, reste actif.

Tous les trois étaient talentueux. Tous les trois ont connu du succès. Tous les trois étaient populaires.

L’attrait de Nadal pour les partisans résidait à la fois dans sa façon de jouer et dans l’humilité dont il faisait preuve en dehors du court, ce qui pourrait expliquer pourquoi il y avait même des partisans portant l’orange des Pays-Bas qui applaudissaient lorsqu’il a été présenté.

«Quand nous avons appris que Rafa prenait sa retraite, c’était vraiment quelque chose de spécial, une occasion de voir le plus grand sportif de l’histoire du pays», a déclaré Luis Julve, un étudiant de 19 ans qui a fait le voyage depuis Madrid avec sa mère et sa tante.

Une fois les matchs, la cérémonie, la soirée et sa carrière terminés, Nadal a serré ses coéquipiers dans ses bras et a quitté le court, s’arrêtant pour dire au revoir à ses admirateurs une dernière fois.

«La vérité, c’est que personne ne veut arriver à ce moment-là, a admis Nadal. Je ne suis pas fatigué de jouer au tennis, mais c’est mon corps qui ne veut plus jouer, donc je dois accepter la situation. Honnêtement, je me sens super privilégié d’avoir pu faire de mon passe-temps une carrière et d’avoir joué beaucoup plus longtemps que je n’aurais pu l’imaginer.»