Ouragan Fiona: les conditions «vont devenir dangereuses» aux Îles-de-la-Madeleine

Les Îles-de-la-Madeleine surtout, mais aussi l’est de la Gaspésie et la Basse-Côte-Nord doivent se préparer au pire, alors que l’ouragan Fiona se dirige vers ces régions et s’annonce comme l’une des plus graves tempêtes de l’histoire dans ces régions.

Le chef caquiste et premier ministre sortant, François Legault, a suspendu sa tournée électorale jusqu’à nouvel ordre à cause de la tempête. 

«On espère le mieux, mais tout le gouvernement se tient prêt. (…) Je suis à Québec en contact avec la vice-première ministre et le secrétaire général du gouvernement. Dans les circonstances, j’ai annulé mes activités prévues demain et suspendu notre tournée électorale jusqu’à nouvel ordre», a-t-il écrit sur Twitter, vendredi soir.

Ses effets se font déjà sentir, mais la période la plus intense s’amorcera dans la nuit de vendredi à samedi pour durer jusqu’en fin de soirée samedi pour les Îles-de-la-Madeleine et la pointe est de la Gaspésie, alors que le plein impact sur la Basse-Côte-Nord sera ressenti de samedi matin à dimanche matin.

Les météorologues d’Environnement Canada ont fait le point vendredi midi, expliquant que l’ouragan se déplace lentement, ce qui aggrave ses impacts.

Conditions «dangereuses» aux Îles-de-la-Madeleine

Les Îles, qui sont en plein cœur de la trajectoire, doivent se préparer à faire face à des vents de 100 à 160 kilomètres à l’heure et à recevoir de 75 à 125 millimètres de pluie au total, ce qui comprend, donc, la pluie déjà tombée depuis jeudi soir. Une marée de tempête viendra s’ajouter à l’ensemble samedi matin.

Les propos du météorologue Jean-Philippe Bégin avaient de quoi glacer le sang.

«Pour les Îles-de-la-Madeleine, les conditions vont empirer pour devenir exécrables et même dangereuses au cours de la nuit. Le pire, pour les Îles-de-la-Madeleine, c’est entre cette nuit et tard samedi soir, donc environ 24 heures», a-t-il affirmé. 

«On s’attend à ce que les routes près des côtes qui sont exposées aux vents du Nord soient particulièrement vulnérables. On pourrait avoir des affaissements de route. On s’attend aussi à des pannes d’électricité généralisées et des problèmes qui pourraient perdurer durant plusieurs jours», a-t-il ajouté.

Environnement Canada avertit d’ailleurs les Madelinots, Gaspésiens et Nord-Côtiers de se préparer une trousse d’urgence pour 72 heures.

«Toutes les préparations doivent être terminées avant ce soir en prévision de la tempête», a mis en garde son collègue, le météorologue Bob Robichaud.

Sur la pointe est de la Gaspésie, on prévoit un total de 50 millimètres de pluie et des vents de 60 à 90 km/h avec des pointes à plus de 100 km/h. Jean-Philippe Bégin avertit qu’avec les feuilles dans les arbres, ceux-ci seront beaucoup plus vulnérables au déracinement qu’à l’automne ou en hiver. «Avec toutes les feuilles dans les arbres, on s’attend à ce que ça fasse un effet de voile, que le vent ait beaucoup d’emprise dans les arbres et, donc, crée des déracinements d’arbres, des branches cassées. Donc on s’attend à beaucoup de pannes d’électricité dans ce coin-là», a-t-il expliqué. 

Le reste de la péninsule gaspésienne ne sera pas épargné et peut s’attendre à recevoir de 30 à 50 millimètres de pluie accompagnée de forts vents, tout comme la Basse-Côte-Nord, qui doit aussi se préparer à absorber quelque 50 millimètres de pluie.

Dans les trois régions, les marées de tempête entre samedi matin et dimanche matin pourraient être plus élevées de 1,8 à 2,4 mètres.

Nouvelle-Écosse et Île-du-Prince-Édouard dans l’oeil de la tempête

Les provinces atlantiques, particulièrement l’île du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, qui se trouvent directement au centre du passage prévu de Fiona, doivent aussi s’attendre à être frappées très durement, alors que l’on parle de pluies diluviennes allant jusqu’à 200 millimètres et de vents pouvant dépasser les 160 km/h. 

Jean-Philippe Bégin et son collègue Bob Robichaud n’hésitent pas à parler d’une tempête historique, notamment en raison de la taille deFiona et du fait qu’elle se déplace lentement, lorsque vient le temps de comparer avec Dorian, en 2019, et Juan en 2003. 

«Juan était un véritable ouragan quand il a frappé la Nouvelle-Écosse, mais vraiment dans la région d’Halifax. Les vents très forts ne couvraient pas une grosse superficie. C’était vraiment la ville d’Halifax et les régions juste à l’est et au nord», a raconté Bob Robichaud.

«Dorian c’est une autre histoire. Les vents n’étaient pas aussi forts, mais la superficie de la tempête a couvert toute la province de la Nouvelle-Écosse, toute l’Île-du-Prince-Édouard et les régions à l’ouest de Terre-Neuve et les régions dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. Avec Fiona, ça va être encore plus fort que Dorian, mais à peu près la même grosseur.» 

Et surtout, a ajouté M. Robichaud, «ça va être un bon 12 heures de vents extrêmes. C’est très long. D’habitude, on a des conditions d’ouragan qui pourraient durer une heure, deux heures, parfois six heures.»

Legault appelle à la prudence

Faisant campagne à Laval vendredi matin, le premier ministre François Legault n’avait pas hésité à appeler les citoyens des régions qui seraient touchées à la prudence. «Il y a un risque important. Préparez-vous au pire et on va espérer que ça se passe bien. C’est important de suivre les consignes.»

M. Legault a annoncé à ce moment qu’il se rendrait aux Îles-de-la-Madeleine lorsque Fiona sera passée et a précisé que les différents ministères impliqués dans la gestion des catastrophes naturelles, notamment celui de la Sécurité publique, ainsi qu’Hydro-Québec sont sur un pied d’alerte et prêts à intervenir dès que ce sera nécessaire.

De son côté, le premier ministre Justin Trudeau s’est dit préoccupé par la situation. Il a promis d’offrir toutes les ressources fédérales qui pourraient être requises par les provinces pour faire face aux conséquences de la tempête. Lui aussi a invité les populations de la côte est à la prudence et à respecter les consignes.