Crimes sexuels: l’Archidiocèse de Sherbrooke subira un procès intenté par une centaine de victimes
JUSTICE. Puisque les négociations en vue d’une entente à l’amiable ont échoué au cours des derniers mois, l’action collective contre l’Archidiocèse de Sherbrooke pour de présumés crimes à caractère sexuel fera l’objet d’un procès devant les tribunaux.
C’est ce qu’a confirmé l’avocat des plaignants, Justin Wee, avançant du même coup que le nombre de victimes qui demandent justice se chiffre maintenant à près d’une centaine. « Les négociations entre les parties n’ont pas mené à un règlement à l’amiable. Le dossier suivra la voie judiciaire jusqu’au procès », a fait savoir par écrit Me Wee, de la firme Arsenault Dufresne Wee Avocats.
Cette dernière a également remis aux médias une liste d’une cinquantaine de membres du clergé qui sont ciblés par ce recours judiciaire historique.
À Sherbrooke, l’un des noms les plus connus est celui du curé Robert Jolicoeur, décédé en 2018, qui est visé dans une douzaine de dossiers distincts. On lui reproche notamment des gestes commis dans un parc de Magog, à la paroisse Saint-Patrice, dans l’ancien bar Chez Ronnie, au Séminaire Salésien, à l’église Saint-Roch et à l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac.
On retrouve également d’autres noms d’agresseurs allégués qui auraient commis des sévices sexuels dans la région. Du nombre, il y a l’abbé Bernard Bonneau, qui aurait agi dans un lieu situé près du lac Memphrémagog, ou encore Bernard Rouleau, lors d’un trajet en autobus vers le Mont-Orford.
On compte également le curé Maurice Domingue, qui a été durant plusieurs années à la tête des paroisses de Saint-Barthélémy (Ayer’s Cliff), Sainte-Catherine (Sainte-Catherine-de-Hatley), Bolton et Mansonville. Décédé en 2020, on reproche au curé Domingue des crimes qui auraient été perpétrés, entre autres, à son domicile de Sainte-Catherine-de-Hatley ainsi qu’au presbytère à Ayer’s Cliff.
D’autres personnalités religieuses de Sherbrooke, vivantes et décédées, composent cette liste. Georges-Henri Hallé, Jean-Guy St-Germain, Maurice Ruel et Hervé Lisée y apparaissent pour des crimes allégués commis au Séminaire de Sherbrooke.
S’ajoutent des membres du clergé comme Jacques Fillion (ex-professeur de théologie à l’Université de Sherbrooke), Desève Cormier, Bruno Dandenault, Maurice Cloutier (5 dossiers) et Roger Côté (Saint-Charles-Garnier).
Les gestes reprochés auraient eu lieu surtout dans des lieux de culte. On y cible, notamment, le monastère du Précieux-Sang, le presbytère Saint-Charles-Garnier et la Cathédrale de Sherbrooke. Les églises Immaculée-Conception, Sainte-Famille, de Waterville, Sainte-Thérèse-d’Avila et Sainte-Jeanne-d’Arc font aussi partie des lieux ciblés par les plaignants.
Rappelons que les événements se seraient déroulés entre 1935 et 2022 et se traduiraient par des attouchements, de l’exhibitionnisme, des fellations, de la masturbation ou de la sodomie.
Les victimes espèrent obtenir justice et des dommages punitifs compensatoires pour « une atteinte grave à leur dignité et à leur intégrité physique, psychologique, morale et spirituelle ».