Le Jean Béliveau du golf québécois

PANTHÉON. L’analogie avec l’ancien numéro 4 du Canadien ne pourrait être plus appropriée. Après la pluie d’hommages qui s’est abattue sur lui lors de son intronisation au Temple de la renommée de golf Québec, André Maltais est véritablement « le Jean Béliveau du golf ».

Partout où il est passé au cours des 60 dernières années, André Maltais a toujours été reconnu comme un gentleman. 

L’honneur lui a même été confirmé officiellement lorsqu’il a reçu, deux fois plutôt qu’une, le titre de gentilhomme de l’année au Québec.

Plusieurs l’ont justement rappelé lors de la cérémonie d’intronisation qui s’est tenue le 12 août dernier au Club Laval-sur-le-Lac, là où M. Maltais a fait ses premières armes comme professionnel adjoint (aux côtés du légendaire Jules Huot) et ensuite comme professionnel en titre (de 1970 à 1986).

André Maltais a eu droit à plusieurs hommages lors de sa soirée d’intronisation, le 12 août dernier au Club de golf de Laval-sur-le-Lac. (Photo Le Reflet du Lac – Patrick Trudeau)

C’est d’ailleurs le principal intéressé qui avait lui-même choisi ce club mythique pour « sa » cérémonie, en raison du rôle qu’il a joué dans sa carrière. « C’est ici que j’ai tout appris du métier de professionnel de golf », a-t-il rappelé.

« Au cours de la pandémie, je me suis mis à compter le nombre de terrains de golf que j’avais visité durant ma carrière et j’étais rendu à 512. Mais il y en a deux qui m’ont particulièrement marqué, soit celui d’Augusta (hôte du Masters) et celui de Laval-sur-le-Lac. Quand on arrive ici, il y a une ambiance et une atmosphère qu’on ne retrouve nulle part ailleurs », a-t-il décrit, avant de se voir décerner le titre de membre honoraire du prestigieux club lavallois.

Si la gentillesse d’André Maltais est légendaire, son souci du travail bien fait et sa passion pour le sport ont aussi eu un impact sur toute une génération de golfeurs québécois. 

« Lorsque j’avais 16 ans, j’ai eu la chance d’agir comme cadet d’André lors d’un tournoi. À son contact, j’ai su que je voulais devenir moi aussi pro de golf », a louangé Guy Faucher, qui a longtemps œuvré à Milby avant de s’amener à Venise il y a deux ans.

Débuts à East Angus

Originaire de Sherbrooke, André Maltais a fait ses débuts au golf à 12 ans, lorsque ses parents sont déménagés à quelques rues du Club de golf d’East Angus.

C’est à cet endroit qu’il développera ses habiletés de joueur et qu’il apprendra les secrets pour entretenir un terrain de golf, sous la férule de Gérard « Putter » Bernier. Il deviendra même surintendant du club à 19 ans.

Parallèlement à ses succès comme joueur sur la scène provinciale, le jeune André souhaite faire carrière comme professionnel en titre dans un club de golf. Mais devant le peu d’ouverture en Estrie, il frappe à la porte de Laval-sur-le-Lac où il se retrouve sous la férule de Jules Huot, au milieu des années 1960.

Il consacrera d’ailleurs un ouvrage biographique à son mentor (Jules Huot – coup de départ du golf québécois) il y a une dizaine d’années, afin de souligner son apport au golf québécois.

Proprio à Waterville

Toujours attaché à l’Estrie, André Maltais revient dans sa terre d’adoption en 1987, où il devient propriétaire et professionnel du Club Waterville, et ce, jusqu’en 2000.

Dans les années qui ont suivi, il mettra à profit ses qualités d’enseignant dans divers clubs de la région tels que Dufferin Heights, Manoir des Sables et Golf et Académie Longchamp.

Maintenant établi en banlieue de Montréal et venant tout juste de célébrer ses 82 ans, André Maltais continue de jouer au golf avec la même passion, et surtout le même plaisir.

Il peut également se vanter de chapeauter trois générations de professionnels de golf, puisque son fils Éric et son petit-fils Karl ont également suivi ses traces.

André Maltais est à la tête de trois générations de professionnels de golf, alors que son fils Éric et son petit-fils Karl ont décidé de suivre ses traces. (Photo Le Reflet du Lac – Patrick Trudeau)

« Je trouve dommage cependant de constater que le métier de professionnel de golf soit en perte de vitesse. Quand j’étais plus jeune, ces postes étaient convoités et on devait travailler fort pour dénicher une place dans un club. Aujourd’hui, bien des terrains n’ont pas de pro, car la gestion est confiée uniquement à un directeur général », se désole-t-il.

« Oui, les dg font du bon boulot. Mais un pro de golf, c’est rassembleur et c’est très souvent l’âme de ton club. En 2027, on fêtera officiellement le 100e anniversaire du golf au Québec et j’émets le souhait qu’à ce moment, tous les terrains de golf pourront compter sur un professionnel », a-t-il lancé.