Achat des Alouettes: une question de fierté pour Pierre-Karl Péladeau
MONTRÉAL — Pierre-Karl Péladeau sait qu’il n’ajoutera pas à sa fortune personnelle en se portant acquéreur des Alouettes de Montréal. Ça n’a pas empêché l’actionnaire de contrôle de Québecor de se porter acquéreur de la franchise de la Ligue canadienne de football.
Pour le nouveau propriétaire, c’est une question de fierté. Sa fierté d’être Montréalais, mais également la fierté qu’il souhaite redonner à la formation.
«Il ne s’agit pas ici d’une opération financière ou d’une opération économique. Il s’agit d’une opération de fierté», a-t-il dit au Stade olympique, où la LCF avait convié les médias pour annoncer la transaction, dont les détails financiers font l’objet d’une entente de confidentialité.
«Vous le savez, les Alouettes ont connu une certaine instabilité depuis un certain temps, mais mon engagement se veut à long terme. C’est une vision qui va se décliner au fur et à mesure du temps qui passe.»
Le commissaire de la LCF, Randy Ambrosie, était sur place pour cette passation de pouvoirs. Il assure «qu’une dizaine» de groupes étaient intéressés à faire l’acquisition des Alouettes, mais que Péladeau est celui qui a affiché le plus d’empressement.
«Pierre-Karl et son équipe sont ceux qui ont démontré le plus de passion et qui désiraient conclure le plus rapidement cette transaction, a déclaré Ambrosie. Je leur lève mon chapeau pour la façon dont ils ont mené ces négociations; ils souhaitaient vraiment que la ligue et eux trouvent leur compte.
«Chaque groupe a eu l’opportunité de plonger à fond dans cette transaction. Quand Pierre-Karl a exprimé le souhait de procéder rapidement, nous avons informé les autres groupes et les avons encouragés à en faire autant. (…) Nous pouvons nous réjouir de la nouvelle que nous annonçons aujourd’hui. Nous avons de grandes attentes pour l’avenir des Alouettes sous Pierre-Karl Péladeau.»
Ambrosie affirme que la venue de Péladeau — et par extension de Québecor et Vidéotron, des concurrents directs de Bell Média, TSN et RDS, qui détiennent les droits de télédiffusion jusqu’à la conclusion de la saison 2026 — a été bien reçue par les huit autres gouverneurs du circuit canadien.
«Ils sont tous très expérimentés et matures. Nous avons des propriétaires qui ont des entreprises concurrentes au sein de la ligue, mais ils ont la même ambition au sein de la LCF: faire en sorte que les équipes et la ligue soient fortes et en croissance, a noté le commissaire. Ils savent que des Alouettes en santé signifie une ligue plus forte pour toute la ligue.
«Bell, TSN et RDS ont tous été des partenaires remarquables pour nous et nous souhaitons qu’ils le demeurent encore longtemps. Ils comprennent qu’une franchise plus forte à Montréal est bonpour la ligue. Si c’est bon pour la ligue, c’est bon pour nos partenaires. Si c’est bon pour nos partenaires, c’est assurément très bon pour Bell, RDS et TSN.»
Présidence et infrastructures: patience
Afin de redonner de la fierté au club et à ses partisans, Péladeau devra donner les moyens de leurs ambitions à ses nouveaux employés des opérations football. Mais autant au niveau de la présidence que d’éventuelles nouvelles installations — les Alouettes n’ont ni stade, ni complexe d’entraînement, ni bureaux qui leur appartiennent — il faudra faire preuve de patience.
Le processus pour trouver un remplaçant à Mario Cecchini, qui quittera la présidence des Alouettes pour occuper le poste de commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec dans les prochaines semaines, est enclenché, mais il est trop tôt pour divulguer l’identité d’éventuels candidats.
Une chose est certaine, la personne retenue devra être expérimentée.
«Si vous êtes dans les télécoms, c’est préférable d’avoir travaillé dans les télécoms. Si vous êtes dans les médias, c’est préférable d’avoir travaillé dans les médias. (…) Le profil, c’est un homme ou une femme d’expérience dans son métier. Notre métier, ça va être le football, ou le sport professionnel, et le marketing.»
Quand aux installations de l’équipe, qui évolue dans un stade vétuste et qui doit s’exiler pour tenir son camp d’entraînement faute d’installations permanentes, Péladeau souhaite d’abord se familiariser avec sa nouvelle entreprise avant de prendre quelque décision que ce soit.
«C’est certain que (le stade Percival-Molson) n’est pas le plus moderne; à vrai dire, c’est probablement le plus ancien. Maintenant, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas quelque chose à faire. Est-ce que c’est une question qui se pose et qui est légitime? Bien évidemment. Mais à l’heure où on se parle, il est prématuré d’y donner une réponse sans avoir pris le temps nécessaire de réfléchir à toutes les alternatives qui pourraient y être proposées.»
Si l’une de ces alternatives devait être de faire équipe avec Joey Saputo — propriétaire du CF Montréal qui a déclaré cette semaine évaluer toutes les options, y compris de se faire bâtir un nouveau stade pour améliorer l’expérience de ses partisans — afin d’un d’offrir un domicile «fixe» aux Alouettes, Péladeau s’est déclaré ouvert à l’idée.
«Joey Saputo et moi nous connaissons très bien. J’ai beaucoup d’estime pour Joey et sa famille. Nous avons été de proches collaborateurs, la MLS, l’Impact et nous. (…) Ce serait prématuré de considérer (ce scénario). Mais est-ce envisageable dans l’avenir? Ce n’est pas impossible. Et si c’était possible de le faire, je peux vous assurer que nous le ferions avec grand enthousiasme.»
Stabilité
La vente met fin à la plus récente saga entourant la situation financière de l’organisation après que la LCF l’eut placée sous tutelle, il y a un peu moins d’un mois, et ce, pour la deuxième fois en près de quatre ans.
Lors de la mise sous tutelle de février, la direction de la ligue avait annoncé que Cecchini allait assumer la présidence sur une base intérimaire, et assurer la gestion des opérations quotidiennes des affaires de l’organisation sous la direction et la supervision du bureau de la ligue.
La LCF avait vendu les Alouettes aux hommes d’affaires ontariens Sid Spiegel et Gary Stern, le beau-fils de Spiegel, en janvier 2020. Spiegel est toutefois décédé en juillet 2021 sans voir vu son club en action puisque la ligue a annulé la saison 2020 en raison de la pandémie de la COVID-19.
Ambrosie estime que l’arrivée de Péladeau à la tête du club de football montréalais apportera de la stabilité à l’organisation.
«À chaque étape, nous avons été confortés par l’engagement et la passion de Pierre-Karl et ses collègues. Il n’y a aucun doute dans notre esprit qu’ils sont ici pour longtemps. (…) Pour la première fois depuis en 40, nous avons à Montréal un propriétaire local qui aime la ville, qui aime la communauté et qui souhaite voir son club connaître du succès.»